Installations. Assemblages. Pièces de théâtre. Jeux. Happenings. Envois postaux. L’œuvre de Robert Filliou a pris tout au long de sa vie des formes multiples, cherchant l’art et la poésie en tout, selon cette formule maintes fois reprise disant que "l’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art", peut-être encore plus radicale lorsque Robert Filliou affirme : "ça ne fait rien si l'art n'existe pas, l'important c'est que les gens soient heureux".
L’histoire de Robert Filliou est celle d’une recherche. La recherche d’un artiste qui a voulu faire de sa vie son art pour dessiner une véritable proposition poétique pour la vie sociale et politique.
Souvent associé au mouvement Fluxus, il n’a pourtant jamais fait partie d’aucun groupe. "Pas besoin de nom dans cette histoire", écrit-il d’ailleurs dans son "Histoire chuchotée de l’art". Pas de groupe, mais un "réseau éternel", où figurent ses amis, les artistes Daniel Spoerri, George Brecht, Jean Dupuy, Marcel Broodthaers, Joachim Pfeufer, le poète Emmet Williams, et bien sûr sa femme, Marianne.
Né à Sauve dans les Cévennes en 1926, il entre en résistance en 1943, puis part après la guerre aux Etats-Unis pour rencontrer un père qu’il n’a jamais connu. En 1953, après des études d’économie, le voilà employé par les Nations Unies pour travailler à un plan économique quinquennal pour la Corée du Sud. Puis il démissionne, se met à voyager, et ce n’est que peu de temps après qu’il fait inscrire sur son passeport la mention : "Robert Filliou, poète". A la fin de sa vie, sa recherche devient spirituelle, puisqu’il entreprend une retraite dans un centre d’études tibétaines qui devait durer trois ans, trois mois et trois jours.